Robert Taschen

Vidéo UHD
8 min
2025

Sur ce projet :
Conformation
Étalonnage
Mastering DCP

Production : Léo Bizeul
Image, son, montage : Léo Bizeul
Mixage : Augustin Soulard

Synopsis :

Une maison, quelque part. En France, probablement à la campagne : quelques indices nous renseignent, comme l’âge et le style des meubles, ou la présence d’un lapin. C’est maigre, et devant la sécheresse radicale de ce court film pas vraiment hospitalier, on comprendrait que le spectateur s’offusque d’être traité avec si peu d’égards. Robert Taschen ne lui apprendra rien, n’a rien à lui dire. Le portrait qu’il fait à peine est celui de l’homme qui habite la maison. Seul, de toute évidence, tout comme il est évident que ce n’est pas une solitude ordinaire, et qu’une longue dérive a fait de lui un naufragé, très loin des côtes de la vie normale, chose que le spectateur, sans trop de difficulté, déduira à la fois de l’attitude de l’homme et des loques qu’il a sur le dos, véritablement des loques, une chemise sèche comme du carton et qui dégueule par les trous béant d’un pull dont les rayures ont disparu sous plusieurs générations de crasse. Dans sa maison qui est dans le même état que lui, il s’occupe, indifférent à la caméra, il bricole, puis marmonne, grignote une tranche de pain blanc, plie et replie ses draps qui sont d’autres loques, marmonne encore, pèle une pomme. Que nous veut donc ce film qui ne pense pas à nous, avec son personnage qui ne pense pas au film ? Différentes choses, qui autorisent à malmener un spectateur – des choses que le film fait, pendant qu’il ne dit rien. Par exemple : donner à entendre quel bruit ça fait, une pareille solitude, et quel genre de silence. Ou encore : trouver le moyen, pour conclure après huit minutes sèches comme la pierre, d’emmener ce tas puant de réel jusqu’à des hauteurs de conte, sous une nuit bleu, en suivant un lapin.

Jérôme Momcilovic